Dès 1935, avec Boris Souvarine, André Gide fait partie des premiers français déçus par le communisme.
En effet, à travers son voyage en U.R.S.S., André Gide nous décrit un contexte sociétal terrifiant :
– Dès leur plus jeune âge, dans les jeunesses communistes (Komsomols) : l’Etat encourage les enfants à dénoncer autrui ; les gens sont endoctrinés, fichés et surveillés ;
– La liberté de penser par soi-même est considérée comme « contre-révolutionnaire » ;
– Le but à atteindre est : le nivellement social, l’uniformité des comportements et des esprits ;
– Certes, il n’y a plus de « classe sociale », mais TOUS sont pauvres, sauf les dirigeants du Politburo évidemment ;
– Les gens ne peuvent pas se plaindre puisqu’ils n’ont pas de point de comparaison, étant hermétiquement coupés du reste du monde (pas de journaux hormis l’officielle et Etatique Pravda, interdiction d’expression, d’opinion, etc.) ; et de toute façon, l’Etat-Parti unique ment au peuple, fait de la propagande en lui disant que les conditions sociales sont pires encore, dans le reste du monde ;
– Interdiction de quitter l’unique Parti Communiste ;
– Interdiction du droit de grève ;
– Pas de possibilité de se déplacer librement dans le pays (passeport intérieur).
Dans ce système totalitaire communiste, l’Etat promet le « bonheur »… pour plus tard ; mais d’abord il faut travailler à l’édification de l’idéologie communiste, la fumeuse « dictature du prolétariat », effectuée dans le cadre de la « lutte des classes » (guerre civile). Des générations entières ont travaillé (esclavagisme) et espéré pendant 74 ans, de 1917 à 1991. Mais en guise de récompense le peuple Russe a juste eu le droit : à la déportation en camps de concentration (environ 18 millions de personnes) et/ou à l’extermination (environ 20 millions de morts innocents) !
Et le « bonheur », lui, n’est jamais advenu !

« André Gide fait partie des premiers français déçus par le communisme. » Cette phrase est complètement fausse.
D’abord parce que le terme de « communisme » porte à confusion. Il faudrait parler de déception vis-à-vis du bolchevisme et vis-à-vis du stalinisme, héritier hideux et tout à la fois fils mutant du bolchevisme qui n’était déjà qu’une caricature du communisme.
Vous n’êtes pas loin de le comprendre quand vous soulignez qu’ »il n’y a plus de « classe sociale », mais TOUS sont pauvres, sauf les dirigeants du Politburo évidemment ». En effet, le but du communisme étant la formation spontanée au cours du processus révolutionnaire de la Gemeinwesen, la communauté humaine débarrassée des classes sociales, le régime CAPITALISTE D’ETAT et CONTREREVOLUTIONNAIRE baptisé stalinisme instauré en Russie sur les ruines de la tentative révolutionnaire du prolétariat n’avait donc rien à voir avec le communisme. Au contraire, y était exalté le prolétariat alors que sa disparition est à compter bien évidemment dans la disparition des autres classes de la société fondée sur la domination de classe. Détruire les classes sociales n’a aucun sens s’il est prétendu que n’est détruite que la classe dominante, la classe exploiteuse et non la classe dominée, la classe exploitée. Par qui serait-elle donc alors exploitée et dominée ? Le salariat, tout comme l’extraction de la plus-value par une classe, continuait à exister. Donc continuait à exister l’exploitation capitaliste. Ce qui avait changé par rapport à la forme classique que connaissait jusque là le capitalisme, c’est que la classe capitaliste n’était plus constituée de propriétaires individuels du capital (patrons propriétaires de leur entreprise ou propriétaires d’actions). La confusion entre la propriété privée (c’est-à-dire privant le reste de la société de propriété) des moyens de production et la propriété individuelle (dans laquelle est incluse la propriété de votre maison, de votre voiture, de votre petit pécule destiné à la consommation vous permettant de vivre, etc.) est totale dans la qualification du régime russe d’exploitation du prolétariat avec le communisme. Le communisme, c’est la suppression de la propriété privée des moyens de production par la constitution d’une propriété commune de l’ensemble des moyens permettant de jouir de la vie et de la reproduire. « La Terre n’est à personne, les fruits sont à tout le monde » disaient les communistes du passé, dont les références étaient liées à un mode de production encore très centré sur la production agricole. En Russie, la classe capitaliste issue des nationalisations (qui n’ont rien à voir avec la communisation des moyens de production) était une communauté hiérarchisée : le parti-Etat, répartissant le bénéfice produit par l’exploitation collectivisée du prolétariat entre ses membres selon un mode de calcul entretenant la confusion entre salaire de fonctionnaire et revenu du capital.
La phrase que j’ai cité au début aurait donc dû parler des Français qui avait suivi le bolchevisme, puis le léninisme (c’est le nom que s’est donné le stalinisme tout d’abord) et le marxisme-léninisme et qui en étaient revenus. Sont donc hors-champ les libertaires qui, déjà adversaires de la social-démocratie à laquelle appartenait le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie (-bolchevik), furent les premiers en France, comme ailleurs, à dénoncer la dérive qui s’est exprimée dès 1918 dans l’attaque par les bolcheviks des anarchistes russes notamment à Moscou où ils étaient bien implantés, puis à faire la publicité de la Makhnovtchina en Ukraine et à conspuer l’écrasement de la commune de Kronstadt en 1921.
Ne parlons donc que des Français qui, une fois passé l’enthousiasme provoqué par l’insurrection en Russie, avait commencé à critiquer, d’un point de vue non partisan du tsarisme voire révolutionnaire, ce qui se passait en Russie. Et là, on n’en voit pas de « déçus » seulement en 1935, pas plus que ne doivent être seulement pris en compte seulement André Gide et Boris Souvarine. Le fait que ne se soit pas développée en France une critique communiste originale portée par des courants et groupes politiques proprement nationaux comme cela a pu se produire en Italie, en Hollande et en Allemagne mais fut souvent le fait d’individus parfois rassemblés dans des petits groupes rattachés de près ou de loin à la « gauche » communiste internationale, dont le courant a inclus abusivement le trotskisme (se désignant lui-même par « léninisme » à l’époque, rappelant sans complexe que son leader avait trempé dans l’instauration du stalinisme), tend à laisser dans l’obscurité des personnalités comme Alfred Rosmer, Benjamin Péret et Simone Weil. Et il ne s’agit là que de personnalités connues. Nombreux sont ceux qui comprirent vite ce qu’était devenu le régime mis en place par les bolcheviks et dont l’histoire n’a pas retenu les noms.
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